“En devenant minoritaire, le catholicisme gagne en visibilité”

Le sociologue Yann Raison du Cleuziou analyse ici les conséquences de la sécularisation pour le catholicisme. Il livre une réflexion pleine d’espérance sur la place qui pourrait lui revenir dans notre société et le rôle que l’École catholique pourrait jouer à l’avenir. Propos recueillis par Virginie Leray

Que devient le catholicisme dans notre société sécularisée ?

Yann Raison du Cleuziou : En cinquante ans, le nombre de baptisés est passé de 80 % à 20 % d’une classe d’âge et la proportion de pratiquants hebdomadaires de 25 % à moins de 2 %. Le catholicisme devient minoritaire1 puisque plus de la moitié des 18-29 ans se déclarent non affiliés à une religion. Et s’ils sont 18 % à se dire catholiques et 12 % musulmans, ces derniers sont 85 % à donner une place importante à la religion, contre 53 % chez les catholiques. On remarque aussi que c’est l’islam, avec ses interdits et jeûnes alimentaires notamment, qui modèle aujourd’hui les représentations du religieux ou les politiques publiques en matière de laïcité.

Cela annonce-t-il la disparition du catholicisme ?

Y. R. du C. : Non, car sa minorisation lui permet paradoxalement de gagner en visibilité. En effet, il se distingue mieux de la tendance dominante avec laquelle ses valeurs se confondaient lorsqu’il était majoritaire. Le changement d’échelle se manifeste par une élévation de la frontière entre les catholiques et le reste de la société, en raison de systèmes de valeurs aux évolutions divergentes et conflictuelles. Le vécu religieux et les convictions deviennent plus intenses parmi les catholiques restants. Cette différence peut être investie d’une dimension contre-culturelle à mesure que la sécularisation progresse.


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